L'interview de mai 2025 - Fabien Peyronnet, sujet, verbe, complément !
- Florian Bohême
- 1 mai
- 5 min de lecture

Bonjour Fabien, avant de parler de ton ouvrage “La grammaire Française au service de la langue Khmère” peux-tu nous dire ce qui t’a amené au Cambodge et depuis combien de temps tu y vis ?
En fait, je connaissais déjà le Cambodge pour l’avoir visité à plusieurs reprises, et sans explication particulière, parmi tous les pays que j’ai eu la chance de visiter, c’est celui où je me suis toujours senti bien, peut-être par l’accueil et le sourire du peuple khmer, peut-être aussi parce que j’y suis né en 1960, à l’hôpital Calmettes.
En France, coup sur coup j’ai connu une série de problèmes et un matin, j’ai eu comme une révélation, et j’ai de suite pensé que je pouvais changer de vie et pourquoi m’établir au Cambodge, où je réside depuis le 16 octobre 2016.
Tu habites à Kampot, qu’est qui te plait ici ?
J’ai vécu une année et demie à Sihanoukville avant de m’installer à Kampot. Kampot présente à mes yeux de nombreux avantages, c’est une ville à taille humaine, avec des alentours très agréables, on peut résider au calme tout en restant à moins de dix minutes du centre-ville. De plus, les autorités n’ont eu de cesse ces dernières années de la rendre encore plus belle et agréable, avec ces plages artificielles, cette longue esplanade longeant le fleuve.
D’autres articles de presse t’ont décrit comme "l’asiatique aux yeux bleus", peux-tu nous parler un peu de ton histoire familiale ?
Mon histoire est assez courte, car je n’ai pratiquement pas de famille proche, mon père Marcel était français et il m’a eu à 60 ans, alors qu’il était en poste au Cambodge, occupant entre autres le poste de directeur adjoint de la Banque Nationale du Cambodge sous la gouvernance de son excellence Son Sann. Ma maman Solange, était vietnamienne et avait épousé mon père en 1956.
Mes parents ont quitté le Cambodge alors que j’avais que deux ans, mais toute mon enfance a été bercé par le récit des 6 belles années que mes parents avaient passées au Cambodge.
Pour les yeux bleus, … j’avais une chance sur un million de pouvoir avoir des yeux bleus !
Du côté de mon père, je n’ai hélas pu connaître personne, tout le monde était déjà décédé à ma naissance. Du côté de ma maman, je n’ai plus qu’un oncle qui habite liège, une cousine aux États-Unis, un cousin et une cousine en France, et ma sœur qui habite Paris.
J’ai un fils Grégory que les vicissitudes de la vie m’ont fait connaître très tard, il est papa de deux beaux garçons Bradley et Jayson. Mes filles que j’ai élevées depuis leur naissance malgré ma séparation avec leur maman, vivent toutes les deux heureuses à Luxembourg, ma fille aînée Caroline est la maman de Maria et de Eliot, tandis que mon autre fille est la maman d’un garçon, prénommé Léon.

Comment t’est venue l’idée d’écrire un livre sur la grammaire cambodgienne ?
Avant tout, je souhaitais vraiment apprendre la langue khmère, et l’écriture de ce livre est venue progressivement au fur et à mesure de mon apprentissage. Je me suis aperçu qu’il existait en fait très peu d’ouvrages pour les francophones désireux d’apprendre le khmer, donc j’ai poursuivi sa rédaction.
Ce livre est construit avec un certain cheminement, peux-tu nous en parler ?
Avant d’étudier la langue khmère, il y a deux étapes indispensables à observer. La première est d’avoir un aperçu des origines de cette langue, puis le khmer n’étant pas écrit avec des lettres romanes, j’ai développé ma propre phonétique, et il a donc été nécessaire de l’expliquer en détail afin que le lecteur puisse la lire et comprendre comment chaque mot se prononce réellement.
La grammaire est divisée en catégories, en « classes de mots », que j’aime bien appeler « Parties du discours ». Deux mots appartiennent à la même classe grammaticale lorsqu'ils peuvent être remplacés l'un par l'autre dans une phrase sans que la phrase ne cesse d'être correcte.
La grammaire française distingue neuf classes de mots :
Cinq classes variables : Les noms, les déterminants, les pronoms, les adjectifs, les verbes
Quatre classes invariables : Les adverbes, les prépositions, les conjonctions et les interjections.
Le livre va donc permettre d’aborder chacune de ces classes.
A la fin du livre enfin, les derniers chapitres sont consacrés au vocabulaire avec notamment la liste des noms français, des noms anglais existant en khmer etfin les adjectifs, les verbes et les substantifs les plus fréquemment utilisés.
Ton ouvrage fait référence à de nombreuses expressions populaires cambodgiennes, pourquoi était-ce important de les expliquer ou de les citer ?
Parce qu’elles font partie du khmer de tous les jours, de celui aussi qu’on peut entendre à la campagne, cela permet de plus se rapprocher des personnes, de pouvoir aussi montrer… que votre connaissance de la langue va au-delà d’un simple bonjour, aurevoir, combien ou merci.
Si quelqu’un veut apprendre le khmer, quelle recommandation ferais-tu ?
Cela dépend évidemment de ses objectifs et de ses envies, mais il y a quelques axes importants :
Y consacrer chaque jour un minimum de temps,
Comprendre avant tout la construction (l’ordre des mots en khmer)
Comprendre comment on s’adresse à quelqu’un, mon frère, ma sœur, mon oncle, ma tante etc…
Essayer de mémoriser quelques nouveaux mots chaque jour, je ne parle pas du nom des fruits ou des légumes, quand vous êtes au marché il vous suffira de désigner de la main ceux que vous souhaitez acheter, mais les mots vous permettant de répondre -oui, non, peut-être jamais…) les verbes les plus utiles, …
Et pour finir deux points essentiels, parvenir à faire valider votre prononciation par une personne native khmère.
Sachez enfin que la dernière étape qui vous permettra de faire un bond dans votre connaissance du khmer et de soigner votre prononciation, c’est d’acheter les manuels de maternelle khmers pour apprendre l’alphabet et petit à petit à savoir lire le khmer.
Que dis-tu à nos compatriotes qui se sont essayés au khmer et qui n’ont pas complètement réussi ?
Y consacrer chaque jour un minimum de temps, et faire valider sa prononciation par une personne native khmère, elle vous fera recommencer à dire un mot, encore et encore et quand vous aurez maitrisé sa prononciation, vous ne l’oublierez plus. Ne surtout pas vous frustrez si vous essayez de parler et que la personne en face de vous ne vous comprend pas. Certaines personnes ne s’attendent pas à ce que vous leur parliez en khmer, elles s’attendent à de l’anglais et … bloquent !
Comment se procurer ce livre ?
Il vous faut me le commander directement, soit sur ma page facebook apprendrelekhmer, ou mon messenger Fabien Peyronnet. Je peux le faire livrer sous 48h partout au Cambodge.
Pour finir, quelle est - en dehors de Kampot - ta ville cambodgienne préférée ?
Sans aucun doute Siem Reap, les temples sont d’une beauté à couper le souffle.
Propos recueillis par Florian Bohême en avril 2025
Comments