Situation au Cambodge - Docteur Thierry Chuy, mobilisé pour assister les populations déplacées

Nous vous partageons aujourd'hui le témoignage du Dr Thierry Chhuy, médecin franco-cambodgien et manager de la clinique AEMC à Phnom Penh. Face à l'escalade du conflit aux frontières et à l'afflux de familles déplacées – notamment des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées – il a refusé de rester inactif. Ce récit retrace la naissance de son initiative humanitaire, menée en partenariat avec la Pharmacie de la Gare, détaillant la logistique exigeante de ces missions de nuit, la création d'un hôpital de campagne capable de traiter près de 500 cas par jour, et l'engagement continu d'une équipe soudée pour apporter du soin et de l'espoir aux populations les plus vulnérables du Cambodge.

"Je suis le Dr Thierry Chhuy, médecin franco-cambodgien et manager de la clinique AEMC à Phnom Penh. Au début du conflit Thaïlande-Cambodge, au regard du grand nombre de familles déplacées de la frontière – notamment beaucoup d'enfants, de femmes enceintes et de personnes âgées – je me suis dit qu'on ne pouvait pas rester là sans rien faire, d'autant plus qu'on disposait d'un savoir-faire, étant engagé depuis plus de 20 ans dans des missions humanitaires, surtout au Cambodge.

J'ai proposé cette idée de mission médicale humanitaire à Mona Tep, directrice des Pharmacies de la Gare basées, elles aussi, à Phnom Penh. Elle a tout de suite accepté et il ne manquait plus qu'à rassembler l'argent grâce à l'appel aux dons au Cambodge et en France, et à réunir une équipe faite de médecins, pharmaciens, infirmières et volontaires. Cela s'est fait très rapidement et la première mission a été lancée en pensant qu'on allait en faire une ou deux.

La logistique est très lourde car après avoir récolté de l'argent, on doit acheter des médicaments de qualité pour soigner adultes et enfants, mais aussi réunir une équipe médicale de qualité.

Une fois que l'équipe est en place et que les médicaments sont emballés, nous partons de PP aux alentours de 16h car nous travaillons tous. Nous arrivons proches des sites aux alentours de minuit et nous faisons dormir l'équipe dans un hôtel pour un lever vers 4h du matin. L'arrivée sur les camps est aux alentours de 7h30 du matin.

Le responsable de la logistique, Yannick – directeur des cliniques HAMARIYA PP et SR – commence à installer un mini-hôpital de campagne avec une gigantesque salle d'attente, une réception, une salle des infirmières avec prise des constantes, un espace pour les médecins avec plusieurs stands, et même une salle de chirurgie pour petites interventions et un espace pharmacie.

Tout le reste de l'équipe déballe les médicaments et installe la pharmacie. Nous nommons un médecin référent, qui change en fonction des missions, pour répondre à toute question médicale particulière. Vers 8h, la mission commence et les consultations s'enchaînent du matin au soir avec au total près de 500 cas traités par mission. Retour vers l'hôtel vers 18h00.

La reprise du conflit nous amène à reconduire mais aussi avancer la date de la prochaine mission, que nous avions déjà prévu de poursuivre au Cambodge même en cas d'arrêt du conflit, car il y a maintenant un noyau aguerri au sein de l'équipe qui souhaite aider davantage la population khmère qui n'a pas d'argent pour se soigner.

Tant que le conflit sera présent, nous comptons poursuivre nos missions médicales humanitaires, mais dans un laps de temps plus court, même si cela doit nous faire redoubler d'énergie. Le but étant de soigner le maximum de monde par mission, et même si on a bien conscience qu'on ne va pas sauver le Cambodge, le but est d'apporter du soin, mais surtout de montrer aux déplacés qu'ils ne sont pas seuls dans cette épreuve douloureuse de leurs vies.

Enfin, nous avons surtout besoin de soutien financier pour l'achat des médicaments, du matériel de petite chirurgie, et parfois en complément des produits d'hygiène corporelle. Pour la mission du 19 décembre [2025], nous sommes arrivés aux objectifs, c'est-à-dire avoir l'argent pour remporter les médicaments manquants, mais aussi l'argent pour véhiculer, loger et nourrir l'équipe, car les camps sont assez éloignés de Phnom Penh.

Nous continuons à collecter des dons et à mobiliser nos équipes, voire à les renouveler régulièrement, car c'est un combat qui est fastidieux et long."

Pour soutenir cette initiative :