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8 mars - l'interview d'Ana Ma - Française au Cambodge



Tout au long du mois de mars, Français au Cambodge propose des interviews de nos compatriotes engagées. Si vous aussi, vous souhaitez témoigner, n'hésitez-pas à nous écrire.


Ana Eduardo, dite Ane Ma, habite au Cambodge depuis 2021 où elle a accompagné son mari qui travaille pour une grande entreprise française de restauration collective.


Engagée bénévolement au sein de l’association Phnom Penh Accueil, elle est passionnée de photos et vient récemment de réaliser une exposition “À la lueur d’un regard” qui est visible jusqu’au 17 mars, à Phnom Penh.


Une vie - Quelle était ta vie avant d’arriver au Cambodge ?


Ana : Le voyage est la teinte de ma vie.


J’ai constamment voyagé entre l’extérieur et l’intérieur de moi.

J’ai passé mon enfance dans le Nord du Portugal. J’ai fait des études de Relations Internationales à Porto, j’ai travaillé à Lisbonne, entre diplomatie et consulting, vécu à Sintra par amour à ce lieu majestueux. Puis revenue à Porto, une ville plus petite et plus douce à vivre et qui offre des voyages merveilleux entre le passé, le présent et le futur. La Bretagne m’a accueilli il y a 20 ans.


Je vie au sein d’une famille franco-portugaise, qui voyage au gré des destinations professionnelles de mon compagnon. Mais pas seulement. En tant que femme et mère de deux jeunes filles, les voyages ont pris aussi formes face à nos besoins d’être ensemble et de découvrir des lieux, non pas par obligations, mais par choix de cœur.


J’ai repris des études de Yoga et méditation, vécu dans des ashrams, pris le chemin de l’Inde.

Parallèlement, la photo ne m’a pas quitté. J’ai eu envie d'en savoir plus sur la technique et sur la culture photographique, je me suis formée à L’institut Français de la Photographie.

Et ma vie c’est ainsi articulé entre photographie et yoga. Entre rencontres photographiques et formations de yoga. Ce qui m’a permis de suivre mon compagnon, sans me perdre.

Et ensuite, J’ai découvert la France au-delà de l’hexagone… ces îles. Nous avons vécu de belles années en Polynésie, où ma vie s’articulait entre la photographie, étant témoin et passeuses d’une des plus belles cultures sur terre, et le yoga, donnant des cours de yoga et formant des professeurs de yoga.

Oui le voyage teinte ma vie… mais les rencontres avec l’autre donnent sens à ce chemin.


Danseuse classique khmère immortalisée par l'objectif d'Ana

Un pays - Peux-tu nous faire un peu voyager au Portugal et nous dire pourquoi ce pays t’es si cher ?


Ana : Le Portugal, c’est le pays de mes racines. Je suis du Nordeste du Portugal, une « transmontana » ce qui veut dire une fille de derrière les montagnes. Mais ou que je sois dans ce petit bout de terre, il reste émouvant, chaleureux et si singulier.


Une terre gratifiée par une richesse culturelle authentique et incontestable. Fait d’un passé historique magistral, de rencontres de peuples, de douleurs et de « saudade » cette nostalgie inexprimable. Terre soumise, dans le passé, à une dictature qui n’a pas réussi à brider la force de ce peuple. Ce peuple épris de liberté qui a donné sens à celle-ci par un chant et le symbole de l’œillet.

Une vieille nation bien attachée à ses traditions, à ses chants, ses auteurs, artistes connus à travers le monde. C’est aussi ma quête, quand je rentre dans ce lumineux pays, quand je transmet à mes filles notre culture, de retrouver les mémoires profondes enfouies dans chaque recoin entre montagne et mer, entre social et culturel, mais aussi dans la langue. À la maison le français répond au portugais et vice-versa pour ne pas oublier nos deux cultures, qui sont enrichies par les cultures des pays qui nous accueillent.


C’est simplement, un pays qui suit sa route dans les tourbillons d’une Europe en ébullition, avec une identité forte et un peuple fier.


Un engagement - Peux-tu nous dire ce que tu fais au sein de Phnom Penh Accueil ?


Ana : Peut-on dire que c’est une association de femmes ? Je suis au bureau de PPA depuis que je suis au Cambodge, comme volontaire dans l’aide multiple selon les besoins de l’Association. Être présente les vendredis à la permanence pour accueillir la communauté francophone, organiser des rencontres, mettre de la forme et de la couleur dans la communication de PPA.


Travailler main dans la main, de femme à femme, il est vrai.

Alors je vais être précise… ce n’est pas une Association de femme. PPA est une association pleine de couleurs, de familles, d’aides et présences.


Mais il est vrai que, aujourd’hui, nous sommes des femmes au bureau, une belle énergie de femmes, mais soutenue par tous, car l’aide de chacun est précieuse.



Une passion - Qu’est-ce-que représente la photo pour toi ?


Ana : Raconter une vie… la vie.


Au tout début, j’ai cultivé la photographie avant tout pour moi. Pour prendre soin de mes souvenirs, sans autre horizon que celui d’un besoin personnel. Un mouvement tranquille d’expression et création, sans perturber qui que ce soit. Mais, en observant mes photographies, je me suis rendu à l’évidence, que l’horizon était bien plus vaste. Les gens défilaient avec l’essence même de leur être. Tout ce que les autres me glissaient à l’oreille, les échanges de regards, l’accueil, la rencontre…


Un instant singulier, unique et sacré de quelqu’un… voilà tout cela, je le retrouvai et retrouve, toujours dans mes photographies.

Je peux dire que ma photographie est une moisson d’instants sacrés. Un mouvement à deux. Celui qui m’accueille et moi qui cueille l’émotion. Juste une rencontre. Je n’attend rien et accueille tout.

Les personnes sont au centre de cette démarche, même s’il y a juste une ombre, une partie du corps, une peau, un object, une texture, sûr… cela raconte une vie.



Crédits photos : Ana Ma


Un regard - La question est attendue, en tant que photographe, quel regard portes-tu sur la femme cambodgienne ?


Ana : La femme cambodgienne, tellement présente, je la trouve très digne, surmontant ces peurs, se permettant de rêver un autre lendemain, assumant la force dans la fragilité de leur condition.


Profondément ancrée dans la réalité, elle a cette présence calme qui conduit dans son sillage la famille et la communauté.


Celles que j’ai eu l’opportunité de prendre en photo, m’ont éblouilli, par leur énergie. Leur questionnement sur leur existence, le sens de leur vie, leur importance au sein de la famille et de la société, toutes ces interrogations présagent des changements.


Ceux du respect et de leur propre accomplissement. Même si le chemin est sinueux, elles sont conscientes de toutes les injonctions à leur égard, mais aussi, tous les possibles et de la part qu'elles doivent investir contre vents et marées.


Cette conscience est déjà simplement, petitement et urgemment un changement. Elle met en lumière la position de la femme khmer, sa force, sa sensibilité, sa beauté.


Portraits de femmes cambodgiennes par Ana Ma





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