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L'interview d'avril 2024 - rencontre avec la Docteure Emilie Mosnier.

Dernière mise à jour : 3 avr. 2024




Emilie, merci de répondre aux questions de Français au Cambodge, pouvez-vous vous présenter et nous dire pourquoi vous vous êtes installée au Cambodge ?

La proposition du poste au Cambodge a été pour moi une véritable décision impulsée par la curiosité, le défi et le goût de l'aventure en famille. En moins de 30 secondes, j'ai accepté cette opportunité, guidée par une forte intuition qui s'est avérée être la bonne. Après avoir travaillé pendant longtemps en Amérique du Sud et brièvement en Afrique centrale, l'Asie représentait pour moi un nouveau territoire, éloigné de mes repères habituels, ce qui a immédiatement éveillé mon intérêt. De plus, le poste proposé et son mode de fonctionnement correspondaient parfaitement à ma vision de la coopération internationale, de l'importance de la santé publique et du partage des connaissances.

 

En moins de 30 secondes, j'ai accepté cette opportunité, guidée par une forte intuition qui s'est avérée être la bonne. 

Qu'est ce que l’ANRS I MIE et quel rôle cette organisation française a au Cambodge ?

L'ANRS - Maladies Infectieuses Émergentes (ANRS MIE) joue un rôle crucial en tant qu'agence autonome de l'Inserm, en animant, évaluant, coordonnant et finançant la recherche publique sur diverses pathologies, notamment le VIH/sida, les hépatites virales, les infections sexuellement transmissibles, la tuberculose et les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes, telles que les infections respiratoires émergentes comme la Covid-19, les fièvres hémorragiques virales et les arboviroses.

 

À l'international, l'ANRS MIE s'engage à soutenir le développement de la recherche en santé, tout en contribuant à la formation et à la structuration des équipes sur le long terme. Au Cambodge, un "site partenaire" hébergé à l'Université des Sciences et de la Santé, et coordonné par le Pr Vonthanak Saphonn, permet un partenariat privilégié. Actuellement, 14 projets de recherche sont en cours dans le pays, couvrant un large éventail de sujets allant de l'amélioration du dépistage de l'hépatite C en zone rurale au traitement des hépatites chez les enfants.


ANRS au Cambodge
Au laboratoire de l’UHS avec sa directrice le Dr Phoeng et le coordinateur du site ANRS Cambodge : le Dr Spire

 

Outre le soutien à la recherche, le site partenaire contribue également à définir les politiques de santé au Cambodge, à coordonner le réseau scientifique, à faciliter l'enseignement en recherche et à financer et structurer les équipes. L'objectif principal est de répondre aux priorités nationales du pays en montant des projets de recherche scientifique de haut niveau en collaboration avec la population cambodgienne.

 

Une attention particulière est accordée à la prise en compte des besoins des populations et à l'implication des personnes concernées, en particulier les personnes vivant avec des maladies infectieuses ou les populations LGBT, particulièrement touchées par le VIH et les IST.

 

Pour prévenir de nouvelles pandémies, l'agence se mobilise spécifiquement sur les maladies émergentes. Par exemple, un nouveau projet ambitieux sur les encéphalites chez les enfants dues au virus de l'encéphalite japonaise est en cours de développement avec le soutien du Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères et de l'ANRS MIE.

 

L'ANRS MIE s'efforce de rendre les résultats de la recherche accessibles à la population et aux institutions de santé publique afin d'améliorer la prise en charge des patients. Pour cela, elle collabore étroitement avec les programmes nationaux de santé, le Ministère de la Santé, ainsi qu'avec les institutions internationales telles que l'OMS et l'ONUSIDA.


Docteur Emilie Mosnier
Lancement en mars du projet « I am R » sur la lutte contre l’antibioresistance en utilisant des outils d’Intelligence Artificielle. Ce projet est financé par la France.

 

Sur quelles missions travaillez-vous plus spécifiquement au sein de l’ ANRS I MIE ?

En tant que médecin infectiologue et chercheuse en épidémiologie, je suis actuellement positionnée en tant qu'Expert Technique International (ETI) au sein du site ANRS MIE au Cambodge, placée sous la direction du Professeur Vonthanak.

 

Mes responsabilités et domaines d'intervention sont variés et englobent plusieurs facettes. Je participe activement à la conception et à la mise en œuvre de projets de recherche dans le domaine de la santé, tout en facilitant la coordination du réseau et en établissant des partenariats entre le Cambodge et la France. De plus, mon rôle implique de fournir une expertise aux programmes nationaux en infectiologie et de contribuer à l'enseignement dans les domaines de la médecine et des sciences. En somme, je suis engagée dans une diversité de missions visant à soutenir le développement et l'avancement de la recherche en santé, ainsi qu'à renforcer les collaborations internationales dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses.

 

Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans le domaine de la recherche scientifique tant en France ou au Cambodge ?

En France, bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour favoriser la pleine participation des femmes dans la recherche scientifique. Elles sont souvent sous-représentées dans les postes de haut niveau et font face à des obstacles persistants pour accéder à des postes de leadership. Personnellement, malgré mes multiples qualifications dont deux doctorats et contributions à la recherche, je suis confrontée à un plafond de verre difficile à briser.

 

Au Cambodge, les femmes sont très présentes dans le domaine de la science, mais elles se heurtent à des défis similaires en termes de représentation et de reconnaissance. Les pressions sociales traditionnelles peuvent limiter leurs opportunités de carrière et les pousser à se concentrer davantage sur les rôles familiaux. Cependant, des initiatives telles que celles de l'ANRS MIE soutiennent activement les jeunes chercheuses, ce qui a permis à des femmes comme le Dr Phearavin Pheng ou le Dr Kennarey Seang d'occuper des postes de direction et de devenir des expertes reconnues internationalement dans leur domaine. Ces succès sont une source de fierté et témoignent de l'importance de soutenir et de promouvoir les femmes dans la recherche scientifique.

 

Quelle est la personnalité féminine à laquelle vous vous identifiez le plus et pourquoi?

En tant que chercheuse en épidémiologie, la personnalité féminine à laquelle je m'identifie le plus est le Pr Françoise Barré-Sinoussi. Son dévouement envers la recherche scientifique et sa contribution majeure à la découverte du VIH en tant que co-découvreuse du virus en 1983 sont une source d'inspiration pour moi. Son travail a eu un impact considérable sur la compréhension et la lutte contre le VIH/sida dans le monde entier.

 

Françoise Barré-Sinoussi a joué aussi un rôle crucial dans cette lutte en coordonnant et en mettant en place le site partenaire de l'ANRS MIE au Cambodge. Ses recherches et ses efforts ont contribué à éclairer les politiques de santé publique et les interventions visant à lutter contre le VIH dans le pays et dans d'autres régions touchées par cette pandémie. Son travail illustre le pouvoir de la recherche scientifique pour améliorer directement la vie des populations.

 

Françoise Barré-Sinoussi a joué aussi un rôle crucial dans cette lutte en coordonnant et en mettant en place le site partenaire de l'ANRS MIE au Cambodge.

Emilie Mosnier Cambodge
Groupe de travail et d’expertise avec le programme national de lutte contre le VIH, les hépatites et les IST, la CRSM et les responsable régionaux et pays de l’Initiative.


Quels seraient vos conseils aux jeunes femmes qui hésitent à poursuivre une carrière dans le milieu de la recherche?

En tant que femme chercheuse épidémiologiste, mes conseils aux jeunes femmes qui hésitent à poursuivre une carrière dans le milieu de la recherche seraient les suivants :

 

Affirmez-vous : N'ayez pas peur de revendiquer votre place dans le monde de la recherche. Vos idées, votre perspective et votre voix sont précieuses.

 

Soyez solidaires entre femmes : Soutenez-vous mutuellement et créez des réseaux de soutien entre femmes chercheuses.

 

Ne sous-estimez jamais votre valeur en tant que femme dans le milieu de la recherche.

 

Défendez l'égalité des genres : Engagez-vous pour l'égalité des genres dans le domaine de la recherche. Combattez les préjugés et les stéréotypes de genre qui persistent encore et encouragez la diversité et l'inclusion dans tous les aspects de la recherche.

 

Faite vous plaisir : La recherche est passionnante et offre des opportunités uniques d'avoir un impact significatif en termes de santé publique. Laissez votre passion pour la découverte et l'innovation vous guider dans votre parcours professionnel et inspirez-vous de l'impact positif que vous pouvez avoir sur la société grâce à votre travail de recherche.

 

Ne serait-il pas plus sympa d'avoir un monde de la recherche qui soit plus inclusif, équitable et diversifié pour tous ?


Propos recueillis par Matar Auguet en mars 2024.

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