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Le portrait de novembre 2021 - Pierre André Romano, promoteur de l'artisanat khmer à Dubaï Expo

Dernière mise à jour : 12 nov. 2021



Comme chaque mois, nous vous présentons le parcours d'un de nos compatriotes.

Nous avons eu un entretien avec Pierre-André Romano, co-fondateur d'une société de conseil et de trading spécialisée dans les produits issus de l'artisanat Cambodgien.

Le Ministère du Commerce du gouvernement Royal du Cambodge l’a mandaté pour prendre en charge la partie économique du «Pavillon Cambodge» à l’exposition universelle de Dubaï, jusqu’au mois de mars 2022. Cela permet la valorisation de la culture et à 18 producteurs de bénéficier d’une forte visibilité, de vendre une sélection d’articles et de séduire de potentiels distributeurs internationaux.


Cet événement mondial, initialement programmé en 2020, réunit 190 pays disposant chacun de son propre pavillon, un record et une prouesse. Si Dubaï a déboursé 7 milliards de dollars pour sortir du désert, c'est aussi pour se démarquer de l'image du producteur de pétrole et présenter aux terriens sa vision «des futurs des Émirats» à travers le Pavillon Terra dédié à la durabilité.


Pierre-André y était à l’ouverture le 1er octobre dernier. Il nous évoque cette actualité et la reprise du tourisme au Cambodge dans le contexte actuel.


  • Quand es-tu arrivé au Cambodge ?

"En 1993, j’étais coopérant à Singapour. Pendant des vacances j’ai rejoint un ami Franco-Khmer récemment installé au Cambodge. J’ai eu un coup de foudre pour ce pays très attachant.

Après des études de politiques et de finances, j’avais principalement travaillé dans le tourisme, avec des parenthèses dans les technologies, le conseil et la finance. Il y a 7 ans, après une expérience d'entrepreneuriat en France, j’ai eu une opportunité professionnelle pour prendre la direction d’Exo Travel à Phnom Penh. Sans hésitation j’ai rejoint le pays dont je rêvais depuis 20 ans. Avoir la possibilité de promouvoir mon pays de cœur était une première consécration."

  • Un point sur ton attrait pour les arts et les savoir-faire, en quoi est-ce important pour toi ?

Je suis petit fils d’artisan doreur – bijoutier, aventurier voyageur, amateur d’art et de savoir-faire traditionnel et toujours amoureux du Cambodge.

"J’avais gardé en tête un rêve secret. Il s’est réalisé il y a 4 ans : diriger les Artisans d’Angkor, le plus beau faire-valoir de la culture cambodgienne. Ce poste réunissait pour la première fois toutes mes passions. Je suis petit fils d’artisan doreur – bijoutier, aventurier voyageur, amateur d’art et de savoir-faire traditionnel et toujours amoureux du Cambodge.


Participer à la transmission et à la promotion de l’excellence khmère en matière d’artisanat est un honneur. Je n’ai pas voulu renoncer lorsque les actionnaires d’Artisans d’Angkor ont décidé de suspendre les activités de l’entreprise en avril 2020. Alors, j’ai poussé mes recherches pour comprendre l’origine de ces talents naturels qui font que des jeunes de familles rurales, le plus souvent illettrées et sans la culture artistique, puissent être aussi doués pour peindre et dessiner, sculpter le bois ou la pierre, tisser des motifs harmonieux avec une dextérité impressionnante et un sens spontané de l’esthétique. Ces traditions millénaires ont suscité l’admiration des voyageurs depuis que l’écriture permet d’en témoigner.


Fort de cette motivation partagée avec ma collègue d’Artisans d’Angkor, Anne-Laure Bartenay, nous avons décidé de continuer à valoriser ces talents via la création de Beyond Retail Business (BRB), une société de conseil et de trading spécialisée dans les produits cambodgiens. Au-delà des souvenirs pour touristes, qui permettent aussi la diffusion de la culture Khmère à travers le monde, allier ces savoir-faire ancestraux aux tendances artistiques contemporaines est pour nous une garantie de la sauvegarde d’un patrimoine intangible unique. C’est un des piliers de l’avenir du Cambodge et de son identité."

Le Pavillon Cambodge à Dubaï Expo

  • Vous participez à l'expo universelle à Dubaï, qu'elle est le but au niveau personnel et pour le Cambodge ?

"Nous avons été mandatés par le Ministère du Commerce du gouvernement Royal du Cambodge pour gérer la partie économique du Pavillon Cambodge à l’exposition universelle de Dubaï. Cette mission est excitante à titre personnel et exigeante sur le plan professionnel. Notre équipe de 4 jeunes Cambodgiennes, ambassadrices du dynamisme artisanal, animent l’espace commercial du Pavillon. Elles présentent et vendent les gammes de 18 producteurs exposants. C’est aussi l’occasion de prendre des contacts professionnels afin de trouver des distributeurs pour exporter ces produits à plus long terme, et de montrer que le Cambodge ne se limite pas au parc archéologique d’Angkor."

L'équipe du Cambodge à Dubaï Expo

  • Comment vois-tu la reprise au Cambodge, notamment du tourisme ?

Les annonces d’ouverture du pays redonnent beaucoup d’espoir aux dizaines de milliers d’artisans Cambodgiens. Leur activité a été dévastée par la crise sanitaire et par la fermeture du pays. La majorité d’entre eux n’a bénéficié d’aucune aide car ils ne sont pas considérés comme des acteurs de l’industrie du tourisme. Nous sommes convaincus que l’artisanat est un formidable outil de promotion de la destination. Il existe dans chaque province des spécialités artisanales qui permettraient de créer des circuits attractifs sur le thème du savoir-faire. Cela aurait certainement pour effet d’allonger la durée moyenne de séjour des touristes dans le royaume. Jusqu'à présent, la destination est trop souvent considérée comme une extension d‘un séjour en Thaïlande ou au Vietnam. Il devient primordial que les autorités du pays annoncent rapidement les conditions de l’ouverture totale afin de permettre aux professionnels du tourisme de développer une offre vaste de circuits originaux et de longue durée.


 


Propos recueillis en novembre 2021 par Florian Bohême, relecture par Françoise Gouézou et Bénédict Ravel. Crédits photos : PA Romano.

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