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Portrait mars 2022 - Julie Thai et Sarah Lubeigt engagées au sein de la communauté économique.

Le 8 Mars a marqué la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, et pour cette newsletter du mois de Mars, nous avons choisi de vous présenter deux femmes engagées dans la communauté française au Cambodge. En Février dernier, lors de l’assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Cambodge (CCIFC), elles ont été élues au conseil d’administration pour deux ans. Elles nous ont confié leur parcours.


Julie et Sarah ont en commun une véritable vocation pour l'entreprenariat et l’envie de partager leurs expériences avec la communauté des affaires. Nouvellement élues au sein du conseil d’administration de la CCIFC, elles souhaitent mettre à profit cette mission bénévole de deux ans pour faire évoluer la dynamique entrepreneuriale féminine au Cambodge.




Julie Thai - "La transmission du savoir est une notion très importante pour moi, les Cambodgiens m’ont énormément appris dans le domaine du management local. J’ai dû adapter mes méthodes de formation et de transfert de compétences pour qu’elles fonctionnent complètement."

Julie Thai est une quadragénaire épanouie de nature dynamique et toujours positive. Son enthousiasme est très communicatif. Elle est née en région parisienne, en 1978. Sa famille paternelle d’origine sino-khmère a fui en avril 1975. A cette époque tragique, son père était étudiant à Paris et c’est lui qui fera les démarches pour ramener la famille en France depuis un camp de Thaïlande où ils avaient pu trouver refuge. Sa famille maternelle a ses attaches dans la région de Châteauroux (Indres). Julie a grandi avec son frère aîné qui vit toujours en France.


Malgré une forte attirance pour les métiers de l’hôtellerie et la restauration, Julie opte pour un cursus d’études littéraires afin de devenir professeur d’anglais, les études techniques n’étant pas vraiment valorisées à l’époque.


Parallèlement, dès l’âge de 16 ans, Julie travaille pendant les week-ends et vacances scolaires, d’abord dans le restaurant familial puis à l’enseigne Pomme de Pain sur les Champs Elysées. Ce job d'étudiante lui a procuré une maturité précoce.


« J’ai arrêté la fac au niveau de la Licence d’anglais, car j’ai pris conscience que je n’avais pas envie d’enseigner. A ce moment-là, un dirigeant du Groupe Elior m’a demandé de gérer plusieurs restaurants de la chaîne de restauration rapide ».


Après 5 ans de postes évolutifs et à responsabilités au sein de l’entreprise Elior, un des leaders mondiaux de la restauration collective et des services, Julie a saisi une opportunité professionnelle. En 2000, sa famille lui propose de participer au lancement de L’Empire des Thés et l’embauche pour assurer le suivi de chantier de son établissement situé dans le 13e arrondissement de Paris. Ce beau challenge séduit immédiatement Julie.


« Dans le cadre de mes fonctions, j’ai voyagé en Chine et ai été formée par un maître Chinois du thé. J'avais juste 22 ans, c’était très enthousiasmant et motivant. C’est sans doute également l’une des expériences qui a contribué à développer mon goût pour l’entreprenariat ».


(Julie dans son bureau à Phnom Penh)


Deux ans plus tard, un grand tournant s'opère ans sa vie. Lors d’un voyage pour découvrir le Cambodge, elle décide de s’installer à Phnom Penh, terre de ses ancêtres, où elle est recrutée par la société Pancam afin d’assurer l’ouverture del’hôtel Amanjaya.


A 26 ans seulement, forte de ses multiples expériences professionnelles et d’une aptitude précoce pour le management, Julie se lance dans les affaires et développe plusieurs concepts de boutiques et restaurants au cœur de la capitale dont Silk & Pepper, Le Wok, T-Bone et Cabaret.


« A mon arrivée au Cambodge, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de lourdeurs administratives comme en France. Cette facilité à porter des projets m’a séduite et m’a motivée pour rester ».


Curieuse de nature, elle affirme qu’elle a un besoin d’apprendre en permanence pour mieux comprendre. «La transmission du savoir est une notion très importante pour moi, les Cambodgiens m’ont énormément appris dans le domaine du management local. J’ai dû adapter mes méthodes de formation et de transfert de compétences pour qu’elles fonctionnent complètement. Je prends toujours autant de plaisir à me retrouver avec des équipes cambodgiennes et cela me fait pratiquer mon khmer, pour lequel j’ai été très mauvaise élève ».


Elle déteste la routine, affirme-t-elle et au vu de son parcours, on ne peut pas en douter.


Lorsque l’on interroge Julie sur la raison de son engagement récent à la Chambre de Commerce Franco-Cambodgienne (CCIFC), la réponse fuse comme une évidence :


« Je vis au Cambodge depuis 20 ans, mais jusqu'à présent j’ai dû cumuler la gestion de mes sociétés et la vie de famille. J’ai fermé mes entreprises en 2016 après 9 ans de développement et d’exploitation pour ne plus avoir à faire les choses en courant et profiter de ma famille. Ma profession de consultante me permet aujourd’hui de m’organiser pour essayer de me rendre utile à la communauté des entrepreneurs locaux. La nouvelle équipe élue en février est composée de gens dynamiques, animés par une réelle volonté d’apporter des solutions aux entrepreneurs » ajoute-t-elle.


(Photo prise en février dernier avec les candidates au Conseil d'administration de la CCIFC - de gauche à droite : Cindy NGUYEN, Julie THAI, Sarah LUBEIGT, Gaëlle LAY, Gery ADOLH, Vaizoue HUYNH, Nitikar NITH)


« Le fait que le bureau soit composé de nombreuses femmes est aussi très intéressant. L’entreprenariat au féminin, c’est un défi bien particulier qui peut, j’en suis sûre, s’avérer être une très grande force ».


Depuis le début de la pandémie, la désaffection pour les métiers liés tourisme et notamment à la restauration et à l’hôtellerie est plus flagrante. Au sein de la CCIFC, Julie espère pouvoir se pencher plus précisément sur le secteur des ressources humaines afin de trouver des solutions attractives pour donner envie aux jeunes de s’engager dans ces métiers au Cambodge. De nombreux facteurs expliquent cette désaffection : la non-sécurité de l’emploi, une grille de salaire assez faible au regard des compétences, des horaires contraignants et fatigants… Il est important de mettre en valeur non seulement les avantages mais aussi les parcours à succès (on peut citer par exemple les sœurs Kimsan, cheffes du restaurant Sombok, mais il en existe de nombreux autres). Il devient primordial de valoriser les perspectives d’avenir pour que ces exemples de réussites ne restent pas anecdotiques et puissent susciter des vocations.


Une politique RH dynamique, le développement d’une culture d’entreprise et l’accès aux formations au sein même des entreprises sont aujourd’hui des facteurs déterminants pour recruter les bons candidats et les garder. Depuis 3 ans, avec l’équipe de b.Consulting*, Julie assiste ses clients en lançant des campagnes de recrutement attractives et en assurant des formations au sein des hôtels et restaurants, mettant ainsi à profit ses années d’expérience de management local.


Sarah Lubeigt - Cette mission bénévole me tient à cœur car il s’agit de rendre service à la communauté des affaires implantée au Cambodge et contribuer à la faire grandir. C’est un véritable lien de solidarité, on a pu le constater lors de la pandémie.

Sarah, 35 ans, est Franco-Thaï, née à Bangkok où son père parisien, géographe spécialiste de la Birmanie occupait un poste de chercheur pour le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique). Sa maman est native de la capitale thaïlandaise. Comme Gabriel, son frère cadet, Sarah a été scolarisée au Lycée Français International de Bangkok jusqu'à l’obtention de son Bac en 2005.


«J’ai été scolarisée au Lycée Français de Bangkok et je suis très reconnaissante de la qualité du cursus scolaire dont j’ai pu profiter ». Sarah est polyglotte mais précise qu’elle est surtout trilingue Français, Thaï, Anglais. « Avec ma famille maternelle je parlais thaï. J’ai un niveau HSK4 en Chinois, et je me débrouille en Espagnol. En plus des notions de Birman et de Russe, je commence maintenant à lire et écrire le khmer. »


A 17 ans avec son bac en poche, elle débarque en France pour ses études supérieures. « Je pensais avoir des facilités pour étudier mais je me suis faite recaler de toutes les prépas B/L, alors je me suis inscrite pour des études en Histoire à la Sorbonne. Puis, j’ai intégré le Magistère/Master de Relations Internationales à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. J’ai bien sûr opté pour une spécialisation sur l’Asie orientale. Je me suis passionnée pour la géopolitique et les affaires internationales » confie-t-elle.


Après un Erasmus à l’Université Corvinus de Budapest (en Hongrie), puis un semestre d’échange universitaire dans le cursus ‘Chinese Diplomacy’ à la prestigieuse Fudan University de Shanghai, en Chine, la jeune diplômée devient stagiaire à la mission économique Ubifrance de l’Ambassade de France à Bangkok. Elle est mandatée en tant que Volontaire Internationale en Administration en Birmanie ayant pour mission d’ouvrir et de gérer le bureau Ubifrance à Rangoun, devenu depuis Business France.


A 25 ans, c’est un gros défi qu’elle s’empresse d’accepter. Son vœu de faire sa carrière en Asie est exaucé. Jusqu’en juillet 2017, elle s’est activée avec son équipe à favoriser les partenariats et faciliter les exportations françaises en Birmanie. Dans ce cadre, Sarah est amenée à traiter plus de 250 missions d’entreprises françaises sur place, dont notamment la société NAOS (Bioderma).


(Sarah dans son bureau à Phnom Penh)


C’est avec cette dernière que sa carrière prendra un nouveau tournant : elle accepte de prendre la direction de la filiale de Bioderma en Birmanie, connue sous le nom de Mintha Care Co., Ltd. Suivront le Vietnam en 2019, le Laos en 2021 avant le Cambodge en 2022.


En janvier 2018, elle est nommée CCEF – Conseillère du Commerce Extérieur de la France – avec comme mandat de continuer à promouvoir les échanges économiques entre la France et le pays dans lequel elle réside et de contribuer au rayonnement commercial de la France.

Comme pour 80% des Français sur place, le coup d’état de Février 2021 en Birmanie a précipité le départ de Sarah et de sa famille et la fermeture progressive de très nombreuses sociétés.


« Le climat était devenu si anxiogène et la situation sur place tellement volatile avec barrages de militaires, contrôles des voitures, patrouilles armées en ville…. Nous entendions à répétition des coups de mitrailleuses le soir, le bruit des explosions au loin nous réveillait en pleine nuit… en mai/juin 2021, plusieurs bombes explosaient tous les jours sans exception à Rangoun».


La société continue aujourd’hui de salarier les 25 employés birmans. Depuis fin 2021, Sarah gère les filiales birmanes et laotiennes à distance dans les bureaux de Mintha Care (Cambodia) Co. Ltd à Phnom Penh. Ce fut une directive stratégique des dirigeants en France de créer une filiale au Cambodge afin de reprendre la main sur la distribution et le branding des marques dans le pays. Pendant près de huit ans, les produits Bioderma étaient dans le giron d’un distributeur qui avait une dizaine d’autres marques.

Sarah travaille avec une quinzaine de collaborateurs khmers pour mieux implanter la marque dans le tissu commercial au Cambodge. C’est un challenge qui lui plait car il y a un potentiel de développement fort.


Sarah explique son engagement au sein de la CCIFC par son goût de la diplomatie économique et du service pour les autres. « J’ai été présidente de la CCIFM au Myanmar. En tant que secrétaire générale-adjointe de la CCIFC cette fois-ci, et avec la nouvelle équipe du conseil d’administration, le but est de faire avancer les intérêts économiques de la communauté des entreprises françaises et des entrepreneurs français au Cambodge. Nos actions doivent pleinement profiter à la communauté d’affaires. Cette mission bénévole me tient à cœur car il s’agit de rendre service à la communauté des affaires implantée au Cambodge et contribuer à la faire grandir. C’est un véritable lien de solidarité, on a pu le constater lors de la pandémie. L’ambition est de coupler les opérations de la CCIFC avec le plan d’action de l’Ambassade de France car il existe un volet diplomatie économique très important qui demeure sous-exploité."


(Sarah avec Martin Brisson, directeur de la CCIFC

à la rencontre d'une nouvelle entreprise membre)

Sarah, maman d’un petit garçon de 2 ans, déborde d’énergie. Comme Julie, le sens du partage des compétences et des expériences est un moteur qui tourne à fond.

A toutes les deux, nous leur souhaitons un beau mandat au service de l'entreprenariat au féminin et au service des intérêts économiques entre la France et le Cambodge.

Pour rappel, si vous souhaitez vous aussi témoigner de votre parcours dans un prochain portrait du mois, n'hésitez-pas à nous contacter via contact@francaisaucambodge.org

Propos recueillis par Françoise Gouézou,

membre de Français au Cambodge - Plus Forts Ensemble!


 

* b. Consulting est une société co-gérée par Florian Bohême. Il nous a semblé utile de le rappeler en toute transparence.


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